Lucius Shepard - Aztechs
Embarquez pour le Mexique, théâtre d’une guerre sans merci entre multinationales omnipotentes et armées jusqu’aux dents ; pour New York, où il se passe de bien drôles de choses sur le site de Ground Zero ; pour l’Afrique noire, sur laquelle, dans l’ombre, les hommes-crocodiles règnent sans partage ; pour Moscou, où il vaut mieux ne pas trop s’approcher de l’Eternité - une boîte à la mode - au risque d’y perdre son âme, et bien plus... A travers six longs récits d’une intensité rare, Lucius Shepard repousse les limites de l’imaginaire et nous emmène loin, bien loin de nos repères.
Souvent comparé à Ernest Hemingway ou à Gabriel Garcia Màrquez pour la fluidité de son style et la richesse de ses univers, Lucius Shepard fait partie de ces écrivains majeurs qui échouent à toute tentative de classification. Il est l’auteur de quinze romans (Louisiana Breakdown. L’aube écarlate) et d’autant de recueils de nouvelles (Petite musique de nuit, Le chasseur de jaguar) qui lui ont valu pléthore de prix littéraires (Hugo, Nebula, World Fantasy). (Présentation de l’éditeur)
Nos amis de Bifrost affirment qu’ « Aztechs est une excellente manière de se frotter à une SF radicalement différente, formellement magnifique et résolument adulte ». Séduit par ces arguments, je me suis précipité sur ce recueil lors de sa sortie en poche chez J’ai Lu. Petite déception à la lecture car je ne vois pas beaucoup de SF dans ce pavé. Lucius Shepard est bien plus ancré dans le fantastique que dans la SF et y est bien meilleur, à mon humble avis. Précisons un peu pour chaque nouvelle :
- Aztechs : nouvelle résolument SF qui me fait furieusement penser à une partie moyenne de jeu de rôle Shadowrun. La fin mystico-religieuse m’a déçu grandement.
- La présence : Récit fantastique basé sur le drame du 11 septembre, tout est dans l’ambiance subtile que distille l’auteur au fur et à mesure jusqu’à la fin.
- Le dernier testament : un spécialiste de la sécurité haut de gamme est la victime d’une malédiction. Rêve ou réalité ? La chute du récit est bien calibrée avec un retournement de situation inatendu.
- Ariel : histoire d’une rencontre entre un professeur d’université et une extra-terrestre pas comme les autres, suite à une expérience ratée du gouvernement. Le récit me semble long (100 pages), l’auteur "tire à la ligne" et la fin de la nouvelle est un peu baclée et trop ouverte à mon avis.
- Le rocher aux crocodiles : superbe récit fantastique africain avec au programme sorciers et hommes crocodiles, le tout dans une ambiance sombre et irréelle. Shepard signe là, à mon avis, son meilleur récit du recueil.
- L’éternité et après : descente aux enfers dans une boite de nuit moscovite tenue par un mafieux russe pour un voyou qui tente de racheter sa compagne prostituée. Le récit part très vite en vrille pour être très brouillon. Sa fin convenue et inachevée le fait classer bon dernier du recueil selon moi.
Pour conclure, même si je suis déçu par le manque de SF, je suis ravi par le coté fantastique hallucinant de certains récits et le style tout en finesse et en touches d’ambiance. La fin de plusieurs nouvelles est toutefois trop ouverte ce qui peut gâcher un peu le plaisir.
Note : 3.5/5 si vous êtes plutôt fan de SF et 4/5 si vous êtes plutôt branché fantastique comme moi.
NicK.